C’est écrit : le pain va encore augmenter de 4 à 5 centimes d’ici au mois d’avril. La faute au climat : sécheresse en Russie, inondations en Australie. En 2011, la consommation mondiale de blé sera supérieure à la production et les stocks seront plus tendus que d’ordinaire. Du coup, même si les Etats-Unis compensent avec leurs très bonnes récoltes, la loi du marché a d’ores et déjà décidé que le prix du blé allait flamber. Les meuniers français prévoient ainsi que le blé coûtera plus cher et qu’il viendra peut-être de plus loin que les champs de l’Hexagone. Car jusqu’à présent, le blé nécessaire à la fabrication du pain vendu en France est gaulois à 98%.
Les aléas climatiques qui font souffrir notre porte-monnaie ne vont pas arranger non plus le bilan carbone du pain. Dans le collimateur : la baguette blanche courante qui représente les trois quarts des ventes, soit 9 milliards de pains par an en France. La facture risque même d’être salée, la fabrication d’une seule baguette revenant à laisser allumée une ampoule de 60 W (1) pendant 27 heures…
Adieu le vent et l’eau
Il faut dire que dès le champ, le bilan est bien enfariné, car l’agriculteur conventionnel le plombe à hauteur de 63%. Les coupables ? Pas ses machines agricoles, mais le volume des produits phytosanitaires et chimiques utilisés. Une fois récoltés, les grains de blé sont stockés par des négociants ou des coopératives qui à leur tour les traitent chimiquement ou les assèchent par soufflerie pour les protéger des parasites. Le blé est ensuite transporté vers un moulin situé dans un rayon inférieur à 250 km. D’abord humidifié, il est ensuite aspiré vers le broyeur et le tamiseur. Autant d’énergie qui n’est plus produite depuis longtemps par le vent ni par l’eau.
Enfin pour proposer une gamme de farines qui facilite la vie de ses clients, le meunier y ajoute sa potion magique : une pincée d’anti-cloque, quelques conservateurs et la poudre est prête à l’emploi. A ce stade, les effluves du bon pain craquant sont encore loin de nos narines et pourtant, la farine représente déjà 70% de l’impact environnemental de la future baguette.